|
Le bois pour construire sa villa
<
précédent
Aspects économiques
La préfabrication permet de raccourcir fortement la durée
du chantier, et la construction est sèche, ce qui permet d'effectuer
plus vite les finitions et d'y habiter tout de suite. Cette rapidité
permet de réduire fortement la durée de paiement d’un
«double loyer». La légèreté du bois permet
de se passer de gros engins de chantier, ce qui réduit aussi les
nuisances (bruit, poussières), et les coûts pendant la construction.
Mais la préfabrication en atelier, le recours à des équipes
de montage polyvalentes représentent un véritable bouleversement
des métiers du bâtiment et supposent une nouvelle forme d’organisation
du chantier.
Lors de la construction, selon l'endroit, le bois ne s’avère
pas toujours moins cher que les matériaux traditionnels, notamment
parce que les intervenants sont très nombreux (bûcheron,
débardeur, transporteur, sécheur, stockeur, scieur, grossiste,
détaillant, charpentier), prenant chacun leur bénéfice,
et dans certains pays, par manque de spécialistes.
À qualités mécaniques égales et isolation
thermique améliorée, les murs en bois sont de 15 à
20 cm moins épais que des parois en maçonnerie. Le gain
de surface est évalué à 10% pour une maison individuelle.
L’avantage le plus important est la réduction possible des
coûts de chauffage à long terme, favorisé par la réduction
des ponts thermiques et la facilité de mise en œuvre d’une
forte épaisseur d’isolant entre les montants de l’ossature.
Les panneaux Il est également possible de réaliser des éléments
de charpente en panneaux de bois. A condition qu’elles soient bien
calculées, les charpentes réalisées avec des panneaux
sont relativement économiques.
Le problème du feu
Le bois est certes combustible mais, correctement dimensionné,
il offre une résistance à l’incendie comparable à
d’autres matériaux de construction.
La température d’ignition du bois (c’est-à-dire
la température qu’il faut atteindre pour qu’il s’enflamme)
est de 250 °C pour la plupart des résineux et de 350 °C
pour les feuillus. Le bois ne brûle que de 0,7 mm par minute (4,2
cm par heure) et la couche carbonisée forme une protection pour
le cœur du bois. Dans cette couche, le flux de chaleur est réduit
de plus de moitié. Le bois est mauvais conducteur de la chaleur
et ne se dilate que peu. À l'issue d’un incendie, sous sa
surface carbonisée, le bois intact préserve sa capacité
portante, au contraire des armatures du béton armé qui se
sont déformées, dilatées, voire le plus souvent ont
fait effondrer la structure.
Lors d’un incendie, le bois ne produit pas de fumées toxiques,
au contraire d'autres matériaux comme les menuiseries en PVC qui,
en brûlant, dégagent de l'acide chlorhydrique, des isolants
en polyuréthane qui, eux, produisent de l'acide cyanhydrique.
L’acier perd ses capacités porteuses à partir de 450
°C, comme on a pu le voir pendant les attentats de New York où,
après avoir brûlé quelques minutes, les tours se sont
effondrées brusquement. Pour protéger l’acier du feu
on l’a longtemps floqué avec de l’amiante, maintenant
interdite dans de nombreux pays à cause des cancers qu'elle provoque.
La résistance du béton se réduit des deux tiers à
650 °C.
Dans le béton armé les armatures se tordent et cela provoque
assez vite l’effondrement de la structure. La brique résiste
en général mieux que le béton.
Les panneaux :
Lors d’un incendie, le taux de formaldéhyde dégagé
est très important.
Le problème des insectes et des champignons
Ils peuvent faire peur, quand on voit des photos de petites bêtes
agrandies 10 fois, ou de mérule tapissant toute une cave, tout
comme la lecture du dictionnaire médical, où l’on
voit toujours les cas les plus graves !
La véritable psychose que l’on a créé autour
de la mérule vaut la peine d’être analysée et
démentie. Car s’il est vrai que ce champignon peut causer
des dégâts considérables, les conditions de son développement
sont très rares, introuvables dans une maison bien conçue
et normalement habitée. Les autres champignons ne se développent
que dans des circonstances d’humidité très forte.
N'oubliez pas non plus que pour arrêter la propagation de la mérule,
de même que les autres mycoses (dans les meubles ou les charpentes
en bois des bâtiments au moins) il n'y a rien de plus efficace qu'une
solution aqueuse d'hypochlorite de sodium aussi appelée eau de
Javel.
Les termites terrorisent la France entière, alors que leurs dégâts
sont limités à des régions particulières au
Sud-Ouest. D’autres insectes xylophages sont courants dans nos régions
mais il convient de relativiser le danger.
Les champignons
Une attaque de champignons ne peut commencer que si l’humidité
du bois excède 20% (voire 22 à 25% pour des bois plus résistants).
L’humidité normale d’un bois est :
6 à 8% dans une maison avec chauffage central (humidité
relative de l’air ± 45%) ;
10 à 12% dans une ambiance intérieure (20 °C), avec
air à 60% d’humidité ;
12 à 18% pour un bois extérieur sous abri avec une humidité
relative de l’air ± 75%.
Les fautes ou circonstances suivantes peuvent causer une humidité
trop élevée du bois :
eau stagnante ;
eau de condensation ;
humidité capillaire le long des murs ;
conduites d'eau non étanches ou cassées ;
humidité de l'air longtemps trop élevée ;
humidité du bois trop élevée lors du montage ;
confinement.
C’est souvent un problème de mauvaise conception qui génère
les problèmes de champignons. Il existe des moyens très
efficace de s’en préserver (Voir les conseils pratiques,
décrits plus loin dans cette page !).
Les champignons lignivores (destructifs)
Pourriture cubique
Pourriture brune (dégradation de la cellulose)
Mérule pleureuse
Coniophore des caves
Fibroporia vaillantii
Lenzites
Gloeophyllum
Pourriture blanche (dégradation de la lignine)
Trametes versicolor
Pourriture molle (dégradation de la cellulose)
Les champignons de bleuissement (fragilisants)
allemand : Bläuepilze
Classification : Champignon du bleuissement. Distinction entre bleuissement
primaire et secondaire.
Description et apparence : Coloration bleue à noire. Pénètre
souvent de plusieurs centimètres dans le bois.
Conditions de développement : Témperature: 15 - 40 °C.
Humidité du bois: > 25%.
Destruction du bois : Il n’y a pas de destruction du bois, mais
seulement une coloration.
Origine et causes : Bleuissement primaire : c’est généralement
l’aubier de sciage et du bois de construction fraîchement
sciés qui sont attaqués (pin, parfois aussi sapin, épicéa
et mélèze ainsi que certains bois exotiques tels que le
koto, par exemple).
Bleuissement secondaire: bois non traité ou vernis exposé
aux intempéries (portes de garages, portes, revêtements de
façades, piscines couvertes, patinoires, etc.). Les résineux
employés à l’extérieur doivent, selon la norme
française, être traités contre le bleuissement, par
des produits répondant à la norme T 72-085
Importance économique : L'origine du bleuissement primaire sur
des bois de construction et sciages fraîchement sciés peut
entraîner de lourdes pertes dans les scieries, car les lots bleutés
sont difficilement vendables. Les dommages causés par le bleuissement
secondaire sont plutôt de nature esthétique que physique.
Utilisé en marqueterie pour obtenir un placage bleu (au XVIIe siècle)
Les grumes peuvent déjà être attaquées par
le bleuissement. Les trous creusés par les bostryches ou les fentes
de séchage sont des portes d'entrée idéales pour
les champignons de bleuissement.
moisissures (visuel) (allemand : Schimmelpilze)
Classification : Champignon de surface colorant le bois.
Description et apparence : Ne vit que sur la surface du bois, sans pénétrer
dans la masse. Donne souvent une apparence d’ouate ou de duvet.
Conditions de développement : Température: de 24 à
28 °C. Humidité du bois: de 30 à 150%.
La croissance est favorisée par de l’air humide et stagnant.
Destruction du bois : Il n’y a pas de destruction du bois, seulement
une coloration qui peut être noire, jaune, rouge ou verte.
Origine et causes : Attaque le bois fraîchement scié, mais
aussi le bois séché, dans des constructions mal aérées
et souvent chauffées. Ce type de champignon peut apparaître
sur n’importe quelle surface, du papier peint au plastique (!).
Les inconvénients de ces champignons sont d’abord d’ordre
esthétique, mais ils peuvent induire des gênes respiratoires
et des réactions allergiques chez les personnes sensibles.
Conseils pratiques
« Protection sur plan » ou dispositions architecturales
Introduction
Si vous discutez de la protection par l'architecture, il est des gens
de métier qui vous répondent « Mais bien sûr,
c'est une question de bon sens que d'empêcher la pluie d'atteindre
le bois ! » Pourtant, le nombre de constructions en bois (façades,
jeux, bancs) mal conçues et dont seul un traitement de choc par
imprégnation CCA assure pour un temps la tenue, est impressionnant.
D'autres vous diront qu'un bois non traité ne durera pas, quoi
qu'on puisse faire pour le protéger naturellement, car l'humidité,
les spores de champignons, sont partout, que les insectes volent, et qu’aucune
disposition architecturale ne peut les en empêcher. À l'inverse,
ceux-ci devraient visiter des fermes de 200 ans ou de vieilles églises
dont la charpente, entièrement en bois, a résisté
au temps sans les traitements modernes.
En creusant un peu, on peut découvrir que cet art de construire
en choisissant une essence appropriée, en écartant l'eau
du bois, en respectant la ventilation, et d'autres choses encore, est
plus délicat qu'il n'y paraît. Et surtout que, s'il s'est
transmis par bribes dans certains corps de métiers, il est difficile
à retrouver dans son intégralité.
On trouve de nombreuses références de livres qui traitent
de la préservation du bois, parlant des produits chimiques en grande
partie. Mais aucun ne traite des dispositions architecturales en détail.
Dans chaque livre, il y a bien un sous-chapitre qui en une page donne
des conseils approximatifs comme « Prendre des dispositions au niveau
de la construction pour empêcher que ne se créent dans le
bois mis en œuvre des conditions permettant le développement
de parasites »… Quelles sont ces dispositions ? Ce point est
peu développé. Comme si cela ne valait pas la peine. Comme
si ce savoir ancien, parfois perdu au fil du temps, n'était pas
digne d’intérêt. Par exemple, passer au feu le pied
des piquets avant enfouissement.
Ossature
Il existe un livre très bien fait sur la construction d’une
maison-type à ossature de bois au Canada. Une vraie mine d’informations
dont beaucoup des conseils ci-après sont tirés. Mais il
ne s’agit que du système à ossature, utilisé
surtout en Amérique, et peu adapté aux climats de certaines
régions d'Europe. La structure de petite section organise des murs
portants en bois, souvent préfabriqués en atelier, et qui
laissent peu de liberté dans les transformations ultérieures
de l’espace.
Les construction à ossature bois préfabriquées sont
très intéressantes pour les chantiers qui doivent aller
vite.
Madriers
Les constructions à madriers sont intéressantes pour les
gens qui ont décidé de ne s’entourer que de matériaux
100% naturels. Elles sont très dépensières en bois
mais il n’y a ni isolation suspecte, ni problème de pare-vapeur…
Cela pose d’autres problèmes tels que la difficulté
de passer les tuyaux dans les murs, une isolation moindre, des fenêtres
nécessairement petites… et, pour moi, le manque cruel de
renseignements sur la bonne façon de les construire. Je parlerai
peu ici du système à madriers.
Poteaux-poutres
C’est une façon de construire qui permet une liberté
beaucoup plus grande au point de vue des aménagements, car ce sont
les poteaux, de large section, qui sont porteurs. On peut ensuite cloisonner
comme on veut entre cette structure, décider d’avoir un large
espace ouvert ou abattre des cloisons pour changer d’organisation.
Tout ceci est bien sûr impossible avec les deux autres systèmes,
où les murs sont portants.
La construction à poteaux-poutres est intéressante pour
les jeunes couples. Lors du chantier, la maison peut n’être
que « fermée », sans cloisons intérieures, ce
qui revient moins cher qu’une maison à ossature. Les cloisons
peuvent être posées bien plus tard, lorsqu’ils auront
un peu plus d’argent. Lorsque la famille s’agrandira, il sera
facile de changer la disposition des pièces ou d’agrandir
la maison.
Il est aisé de construire une telle maison sans produits chimiques
: la charpente est construite avec du bois de qualité, n’est
pas confinée. Si un problème se pose, il est visible, on
peut prendre des mesures à temps. Les bois enfermés dans
les murs ne portent rien d’autre qu’eux-mêmes et on
peut décider de prendre le faible risque de les voir attaqués.
Ces maisons auront une grande durabilité dans le changement.
La prévention constructive du bois comprend toutes les mesures
visant à protéger le bois de l’action des intempéries
et de l’humidité. Elle a pour but de réduire les gonflements
et rétrécissements indésirables du bois, tout en
maintenant sa teneur en humidité au-dessous des seuils critiques
pour les attaques par les champignons et le bleuissement. Il existe des
règles de base et des détails constructifs assurant la pérennité
du bois dans la construction.
On a coutume de dire « Un bon chapeau et de bonnes bottes »,
mais je voudrais corriger pour être plus actuelle :
Un bon chapeau, des semelles compensées… Et surtout pas de
K-way !
En effet, de l’eau peut tomber du ciel, il faut donc avoir un bon
toit ou un bardage efficace. L’eau peut remonter du sol, dans ce
cas le bois gagne à être placé loin du sol plutôt
que dans un carcan imperméable. Et ce qu’on a oublié
à l’ère de l’isolation "thermos",
c’est que le bois doit respirer et que la vapeur d’eau qui
se condense doit pouvoir être évacuée rapidement.
> suite
|
|