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Le bois pour construire sa villa
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Déterminer un calendrier
Une construction en bois est en général très rapide
à réaliser.
Pour une maison à ossature bois traditionnelle moyenne, 12 à
16 semaines suffisent du début jusqu’à la fin, sans
compter évidemment les aléas tels que rupture de stock ou
mauvais temps. En comparaison, un chantier traditionnel en briques dure
plus de 6 mois. Il est important de réaliser un calendrier réaliste
pour réserver les machines ou sous-traitants, mais surtout pour
commander les matériaux de sorte qu’ils arrivent juste au
moment où ils doivent être mis en œuvre, et pour qu’ils
ne doivent pas être stockés dans l’humidité.
Se réserver une certaine souplesse est aussi important pour pouvoir
faire face aux imprévus.
Calendrier type d’une maison individuelle en ossature-bois, construite
de manière traditionnelle :
Plans, financement et permis : durée imprévisible ;
Implantation et coulage des semelles : 1 semaine ;
Fondations, drainage et remblayage : 1 semaine;
Ossature, couverture et solins : 2 semaines ; ? à ce moment la
construction est sous abri
Portes et fenêtres : 1 semaine ;
Plomberie, chauffage et électricité : 2 semaines ;
Isolation thermique, pare-air, pare-vapeur : 2 semaines ;
Revêtements extérieurs de finition : 2 semaines ;
Revêtements intérieurs de finition : 2 semaines ;
Peinture, armoires et appareils : 2 semaines.
Pour une maison à ossature bois préfabriquée :
Une fois les fondations réalisées (2 semaines), l’ossature,
la couverture, l’isolation, les revêtements intérieurs
et extérieurs, les portes et les fenêtres sont amenés
tout assemblés sur le chantier et montés en une après-midi.
La plomberie, le chauffage, l’électricité et les finitions
sont terminés en deux semaines. Une maison réalisée
en un mois… À condition évidemment que les éléments
soient disponibles ! En Amérique des villes entières sont
construites à la chaîne de cette manière.
Pour une construction poteaux-poutres :
Après les fondations, on monte la structure portante, sur laquelle
on construit le toit. Les murs ne sont montés qu’une fois
le toit achevé, à l’abri des précipitations.
Ce type de construction prend plus ou moins de temps selon les techniques
constructives, le degré de préfabrication, le nombre d’ouvriers.
Mais il a le gros avantage de mettre la construction sous abri avant même
de monter les murs, ce qui est important sous les climats pluvieux.
Protection du bois sur chantier
Sur un chantier traditionnel en briques, les ouvriers ne font pas attention
à l'humidité, et on ne protège que rarement les murs
en construction. Lorsque l'on utilise le bois, le chantier durera moins
longtemps, mais en contrepartie il convient d'être plus attentif
à la protection du bois d'œuvre.
Transport
Il faut exiger un transport hors pluie dans un camion bâché.
Dans la mesure du possible, le matériau devrait être livré
en chantier juste avant son emploi, surtout dans le cas de cadres extérieurs
de fenêtre et de porte, et de matériaux de boiserie extérieure.
Entreposage
Au cours des phases normales de la construction, le bois de charpente
et les matériaux de revêtement sont livrés en chantier
après que la fondation soit construite.
Les matériaux de charpente mis en place avant que la maison ne
soit emmurée peuvent être mouillés pendant une averse
mais ils sèchent rapidement.
Au contraire le bois rangé en piles serrées peut absorber
et retenir une grande quantité d’eau.
Il faut stocker le bois sur sol sec et plan,séparé par tasseaux
,surélevée du sol et sous couvert, ne pas laisser les éléments
enfermés dans des emballages plastiques imperméables trop
longtemps (au-delà de 8 à 12 jours pour des poutres et du
lamellé-collé de dimensions ordinaires).
Les matériaux de boiserie intérieure ne seront livrés
qu’une fois la couverture achevée, ils seront rangés
dans la maison.
Mise en œuvre
Attendre suffisamment longtemps après la mise en œuvre
du béton, de la maçonnerie, du crépi, avant de placer
le bois, et surtout, bien ventiler. L'humidité présente
dans tous ces matériaux doit être bien évacuée.
Un minimum de 28 jours de temps d'attente devra être respecté
pour que le béton ait atteint ses capacités de résistance
mécanique optimales.
Attendre la disparition complète de l’humidité avant
même d’entreposer le bois dans les locaux.
Les dispositions ci-avant concernent surtout le bois de finition intérieure
(planchers, lambris) qui ne doivent pas trop gonfler pour ne pas ensuite
présenter de mouvements trop importants. Ceci joue moins pour les
pièces de grosses sections constituant la charpente.
Fondations
Étancher les fondations à leur point de jonction avec l’ossature
en y appliquant une couche d’étanchéité ou
coupure de capillarité.
Coupe technique dans le cas d’une dalle sur sol et fondations indépendantes
en béton.
Les vides sanitaires sont sujets à devenir très humides
et les pièces de charpente exposées à ces conditions
sont susceptibles de pourriture, si un pare-vapeur n’est pas utilisé
sur la surface du sol. Le vide sanitaire devrait également être
ventilé. Lorsque l’espace est chauffé, les couvercles
de ventilateur devraient être enlevés pendant l’été
pour une meilleure ventilation. Le vide sanitaire ne devrait pas être
construit en bois, mais avec de la pierre ou du béton, comme socle.
L'eau arrive sur le sol avec une certaine puissance et peut éclabousser
la façade ou les éléments porteurs. Le débord
de toiture est un premier élément réduisant le phénomène.
La fondation doit s’élever suffisamment au-dessus du niveau
du sol du jardin (au moins 20 cm), sol qui sera de préférence
incliné vers l'extérieur pour écarter l’eau
de surface de la maison et pour protéger de manière satisfaisante
la finition en bois et les pièces de charpente contre l’humidité
du sol.
On drainera aussi l’eau sous la surface du sol, pour empêcher
que le sous-sol soit humide. Pour ce faire un drain ou un tuyau perforé
sont posés au périmètre de la maison.
Poteaux-poutres
Les piliers sont de préférence posés sur des soubassements
en pierre ou en acier ayant un détail propre à éviter
les remontées par capillarité et à favoriser l’écoulement
rapide de l’eau, ou mieux : les piliers sont posés sur une
lisse basse elle-même posée sur le soubassement.
La surface du sol peut être étudiée pour amortir ou
détourner les gouttes. Les graviers sont une solution simple et
efficace, un filet d'eau ou une grille peuvent aussi être envisagés.
Attention à la terre nue qui en plus envoie de la boue sur la façade.
Contact avec le sol
contact direct : à moins que le bois soit d’une
essence très durable, ce type de contact est à éviter.
poteau posé sur un soubassement dur (pierre, béton…)
: beaucoup mieux, mais l’eau qui s’infiltre par capillarité
entre les deux trouve du bois debout et remonte dans les fibres
la pose d’une lisse basse sous le poteau oppose à l’eau
capillaire des fibres couchées, qui l’absorbent beaucoup
moins, d’où une longévité plus grande
séparer le bois de l’assise par des pièces de métal
: il faut éviter de confiner le bois debout par la pose d’un
revêtement par exemple.
Attention aussi à la résistance au feu de l’assemblage.
Il est important de mentionner qu'il existe des poutres lamellées-collées
de différentes grosseurs allant jusqu'à des portées
de 40m. Leur résistance est bien meilleure.
Charpente du plancher
Tout le bois utilisé pour la charpente d’une construction
à ossature bois doit être bien sec (teneur en eau du bois
19% maximum) au moment de sa mise en œuvre. La lisse d’assise
est posée sur l’arasement des fondations, soit :
Si l’arasement est parfaitement de niveau, on pose la lisse directement
dessus ou sur une garniture de mousse synthétique à cellules
fermées.
Si l’arasement n’est pas de niveau, on peut asseoir la lisse
sur un lit de mortier.
Il faut faire attention aux poutres encastrées dans les murs, car
l’air n’y circule pas librement. Il faut prévoir un
dégagement frontal et latéral de 12 mm au moins.
poteaux-poutres
La lisse basse se pose de préférence sur un soubassement
en pierre ou en blocs d’argile, avec une couche d’étanchéité
et une mise à niveau. On propose parfois de ne pas ancrer la lisse
basse dans le soubassement, pour une plus grande souplesse dans la construction.
En réalité, l’ancrage n’est pas nécessaire.
Le poids de l’ossature est bien suffisant pour interdire tout mouvement.
Les maisons de colombage n’étaient jamais ancrées.
Le plancher est posé sur la lisse basse.
Ossature murale
Le type d’ossature murale dépend évidemment du système
constructif, que ce soit poteaux-poutres, ossature ou madriers. Mais dans
les détails il faudra adapter chaque système au climat spécifique
de la région.
Le schéma mural de gauche montre la façon de construire
la plus courante au Canada. : L’isolant est le plus gros possible.
Il n’y a pas de lame d’air sous les bardages. L’air
emprisonné augmente un peu l’isolation. Il n’y a aucun
risque d’humidification profonde, l’air sec absorbant tout.
Schéma d'un système d’ossature croisée et de
double isolation. Le pare-vapeur est placé entre les deux isolants.
Ceci permet de faire passer toutes les gaines dans la première
couche, mais pose la question de la résistance à l’humidité
de cet isolant. Remarquez que les bardages verticaux sont posés
sur un seul lit de tasseaux, horizontaux. L’évacuation de
l’eau entrée accidentellement, ainsi que l’aération,
se feront difficilement.
En Belgique ces détails seraient très mauvais ! Dans l’air
constamment humide de notre pays, l’aération doit devenir
le souci principal de l’architecte.
Il faut que le bois respire, et donc laisser une lame d’air d’au
moins 4 cm derrière le bardage pour aérer et éviter
que ne se forment des moisissures ou que l’eau fasse gonfler les
panneaux.
Les techniques de constructions sont aussi variées que les climats
et les mentalités.
Centre communautaire de Lentig : Les bardages ne sont pas jointifs, ce
qui améliore la ventilation.
Chambre d’hôte à Kobe : un système on ne peut
plus simple de madriers verticaux…
Poteaux-poutres
Le système poteaux-poutres est, d’après moi, plus
adapté au climat et à la mentalité de la Belgique.
On voit la structure portante, ce qui est rassurant quant à la
stabilité. La structure est ainsi mieux aérée et
moins exposée au pourrissement.
Mais même dans un si petit pays il y a encore des différences
de climat… Au bord de la mer le vent est fort, l’aération
se fera facilement, mais il faudra prévoir de bons joints et un
pare-vent derrière le bardage, pour éviter les courants
d’air intempestifs. Par contre dans un fond de vallée humide
et à l’abri du vent, les trous d’aération devront
être surdimensionnés, et le pare-vent sera inutile.
La structure portante est disposée tous les 4 mètres, avec
une section de 18 X 18 cm (facile à réaliser en rassemblant
3 profils standard de 6 X 18 cm. On les assemble avec des boulons traversants
placés tous les 80 cm ou avec des plaques crantées.) Au
droit des étages les assemblages se font en moisant les poutres
et les poteaux.
Le principe constructif courant est de placer le mur en lui-même
à l’extérieur de la structure, pour éviter
les ruptures d’isolant.
Les murs sont constitués de pièces de bois de petites sections,
car non portantes, placées de préférence tous les
60 cm, car les panneaux en font 120, et enserrant l’isolation. Si
la structure est telle qu’elle forme des rectangles plus larges
que hauts, ce qui est le cas le plus courant puisque les étages
ont une hauteur de 2,5 à 3 mètres et que l’entraxe
de la structure est de 4 mètres, l’ossature des murs sera
posée verticalement (comme sur les schémas page suivante).
Dans le cas contraire, un double étage par exemple, l’ossature
murale sera posée horizontalement, et ceci dans le souci de limiter
les portées.
On conseille en général de placer un pare-vapeur du côté
intérieur de l’isolant. Le problème majeur de cette
technique est que les trous, inévitables, de cette couche imperméable
(par les clous, déchirures accidentelles, joints au droit des châssis
etc.) vont concentrer la vapeur et c’est à ces endroits critiques
que vont en premier lieu se poser les problèmes d’humidité.
Je préfère placer un panneau d’OSB, 18 ou 22 mm, classe
III Sterling (très dense, contenant de la paraffine) qui jouera
le rôle de freine-vapeur. Les joints entre les panneaux doivent,
eux, être étanches ! L’humidité ne traverse
que très lentement cette couche, et à condition que les
matériaux du mur soient progressivement de plus en plus perméables
à la vapeur (pas question d’isoler avec du polystyrène
expansé !), l’humidité sera progressivement transportée
à l’extérieur sans causer de dommage. Il est possible
qu’un peu d’eau se condense un peu partout, lorsqu’il
fait très froid, car le point de rosée peut être atteint.
Ce sera toujours mieux qu’un problème de pare-vapeur troué
où toute l’eau condense au même endroit et où
l’humidité peut véritablement devenir problématique.
Cependant il existe un système plus sûr, qui est de poser
entre l’isolant et la lame d’air un panneau de sous-toiture
« softwood », (Celit 4D ou Gutex, encore plus bio) isolant
et respirant, perméable à la vapeur d’eau mais résistant
à l’humidification accidentelle, qui évite que le
point de rosée de l’air soit atteint dans l’isolant
même, en séparant thermiquement celui-ci de la lame d’air.
Colombage
Entre les poteaux et poutres de la structure, on met traditionnellement
un mélange d’argile et de paille. La paille est isolante,
la terre accumule la chaleur. Lorsqu’il pleut sur une telle façade,
l’argile de surface, humidifiée, gonfle et pousse contre
le bois, de sorte qu’il n’y a pas de joint où l’eau
peut s’infiltrer. La masse d’argile ne s’humidifie pas.
L’argile possède cette caractéristique étonnante
d’être hygroscopique (absorber puis rejeter l’eau en
fonction de l’hygrométrie de l’air) et en même
temps d’être étanche dans sa masse. Ce phénomène
se remarque bien dans les jardins à terre argileuse, où
l’eau de pluie ou d’arrosage ne pénètre pas
dans le sol, et forme des petites flaques. L’argile, donc, pompe
l’eau qui se trouve à sa proximité, c’est-à-dire
près du bois. Ce qui protège bien le bois, toujours asséché
par l’argile qui se trouve contre lui. La Terre-Paille est un bon
isolant acoustique grâce à la souplesse et la masse de la
terre crue… Tout en étant très bon marché.
Mais il est difficile de respecter les normes actuelles d’isolation
des parois (k55) avec ce système ! En plus le joint entre les poteaux
et le mur s’ouvre avec le retrait et l’air froid passe directement
dans la maison si on n’a pas prévu de détail particulier.
Il est possible de construire en torchis à condition de bien penser
les détails, mais il faut faire appel à un spécialiste.
Commencez le travail au printemps car il faut 2 mois chauds et secs pour
que le torchis sèche. Si vous commencez en automne vous risquez
de vivre tout l’hiver avec un mur humide très désagréable.
Le torchis se tasse et un joint énorme se forme au-dessus du mur
en 1 mois 1⁄2 environ, joint qu’il faudra remplir avec des
briques de torchis sèches.
Un tel revêtement est exigeant, et il faut le rénover de
temps en temps, ce qui n’est pas toujours accepté par les
habitants. On en a alors vu garnir l’espace entre les bois avec
de la brique et du ciment. Ceci ne pose aucun problème dans une
paroi intérieure, mais à l’extérieur, si la
façade n’est pas abritée et que la brique subit la
pluie, des ennuis peuvent survenir : La brique souffre peu de l’eau
de pluie. Mais sa structure alvéolée est poreuse comme une
éponge. Elle se gorge donc d’eau de pluie (même par
temps sec il y a de l’humidité dans les briques). Non seulement
la brique ne pompe pas l’humidité contenue dans le bois,
mais elle amène l’eau jusqu’à lui. Le bois est
alors humide en permanence, et finit par pourrir aux endroits confinés…
Le pire est encore le recouvrement des façades à colombages
par du ciment : il se produit des fissures au droit des bois, où
l’eau rentre. Elle reste prisonnière à l’intérieur,
faisant moisir toute la section, bien à l’abri des regards.
Si on retire l’enduit et qu’on laisse respirer la structure,
il est possible de la sauver.
Les étages peuvent être décalés les uns par
rapport aux autres pour que la pluie battante ne les atteigne pas. Prévoir
des profils, des renvois d'eau, des gouttières évacuant
rapidement l'eau de pluie. On peut aussi construire des avant-toits en
surplomb accentué.
Le bois en grosses sections pompe l’humidité par ses fibres.
Si la base ou le sommet d’une pièce de bois est en contact
avec l’humidité, elle pourrira très rapidement. Par
contre, le bois résiste très bien à l’humidité
perpendiculairement aux fibres. Tous les détails d’assemblage
doivent donc placer aux endroits « dangereux » une pièce
de forte section présentant ses fibres perpendiculairement à
l’humidité.
Exemple sur une maison traditionnelle en colombages : Les poteaux verticaux
sont protégés du contact de leurs fibres de bout avec l’eau
: -en haut : par une poutre horizontale portant le toit -en bas : par
la lisse basse sur laquelle ils sont posés.
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